Retour sur la 40e session d’étude

Le 40e anniversaire des sessions d’étude, un franc succès!

par: Pierre Dorval

La session d’étude sur les techniques de sautage des 16 et 17 novembre 2017 a souligné le 40e anniversaire de cet événement qui a pris naissance en 1978. Que de chemin parcouru depuis ce 3 novembre 1978 où l’Université Laval était l’hôte de la première journée d’étude sur les techniques de sautage. 40 ans déjà et toujours un si grand intérêt des artisans, spécialistes et utilisateurs de l’énergie explosive au Québec qui ne se dément pas année après année. À l’image des dernières années, la participation à cet événement a, encore une fois, dépassée les 200 participants….

Quatre décennies plus tard, c’est un peu plus de 500 conférences, tout aussi pertinentes les unes que les autres, qui ont été présentées aux fils des ans et qui constituent aujourd’hui l’ensemble du catalogue des sessions d’études disponibles pour le téléchargement à tous les membres de la SEEQ qui ont pris le temps de créer leur profil sur le site de la SEEQ.

2017 représente également une année charnière au niveau de l’organisation de la session d’étude avec mon départ à la retraite puisque j’ai participé à l’organisation de cet événement comme représentant de la SEEQ et du service de la géotechnique et de la géologie de Transports Québec pendant 28 années consécutives, soit de 1989 à 2016. C’est donc à Pierre-Luc Deschênes qu’incombe dorénavant la tâche de prendre en charge l’organisation des sessions comme représentant de Transports Québec et pour la SEEQ. Tâche pour laquelle il s’est très bien acquitté quand on constate le succès de cette 40e session.

Pour cette 40e édition, onze conférences furent au programme. Après les mots de bienvenues des organisateurs, Pierre-Luc Deschênes a introduit le premier conférencier Marc-Antoine Prince Larose, (Maxam Explosive inc.), lequel a présenté les contraintes reliées  »au sautage sous marin dans le cadre du projet d’expansion du canal de Panama ». En résumé, 144 sautages, 1,3 millions de kg d’explosifs pompés pour un volume total de 800 000 m3 de roc qui ont été excavés en moins de 6 mois. Le contrôle des vibrations s’est avéré un enjeu important et la complexité géologique associée au fait qu’il était impossible d’observer les différentes structures géologiques en place sous l’eau ont rendu la prédiction des PPV très difficile.

 

Daniel Roy (BBA inc) et Jérémie Tremblay, (EBC), ont suivi avec le  »dynamitage du bouchon du canal de fuite – Projet Chaudière Hydro ». En chiffres, on parle de 261 sautages pour excaver 111 000 m3 de roc, 17400 m de forage aligné à grand diamètre pour contrôler les murs du périmètre, et plus de 45 000 mètres de forage de trous de masse. La nécessité de concevoir un rideau d’air, la présence de bâtiments historiques, l’orientation des joints et la présence d’une faille ont constitué les principaux défis de la réalisation du dynamitage d’un bouchon en milieu urbain.

 

La conférence suivante, présentée par James Goggans (Kiewit) et Jean-Sébastien Lambert (ProTekRoc), a traité de la difficulté de fragmenter du roc à proximité d’ouvrages sensibles dans le cadre du projet de l’échangeur Turcot. Bien que les explosifs aient été interdits dans le contrat pour la démolition, ils ont été nécessaires à l’excavation de la roche dans la partie ouest du projet pour l’infrastructure routière. La plus grande partie des travaux consistait à effectuer des sautages de tranchée pour l’excavation des conduites de drainage, les regards et les puisards. Les sautages ont donc été ajustés pour respecter les limites de vibration imposées à la structure de béton existante. Les techniques utilisées pour ces sautages, les contraintes de vibration et la coordination des opérations de forage et dynamitage ont fait le principal objet de cette présentation.

Pour clore la première demie journée, le Sergent enquêteur Marc Lamarre de la Sûreté du Québec nous a exposé les grandes lignes d’une enquête criminelle en lien avec le trafic d’explosifs par le biais des projets  »Intonation » et  »Loquace » soit, entre autre, le cas de Ste-Sophie en 2011 où il y a eu un vol d’explosif deux semaines avant le 10e anniversaire du 11 septembre. Ils ont retrouvé environ la moitié de ce qui a été volé à l’époque. Le second cas a traité du vol de 1486 bâtons d’explosifs, 54 kg d’émulsion, 65 kg de C4 et de 50 détonateurs électroniques les 3 et 4 octobre 2012.

 

Au retour de la pause du midi, Vincent Cloutier et Tommy Boulianne (Graymont) ainsi que Daniel Gros-Jean (Dyno Nobel) ont expliqué comment ils avaient réussi à adapter la méthode d’exploitation d’une carrière, notamment en modifiant les paramètres de sautage, sans avoir eu d’impact sur la population et sans créer de préjudice au développement de la carrière. Intitulée  » Dynamitage contrôlé au sein d’une communauté avisée », le Projet Harmonie consiste entre autre, à miser sur la pérennité des opérations pour les 50 prochaines années, favoriser l’implication et le développement des communautés, réduire les impacts environnementaux et soutenir des initiatives communautaires, locales et régionales.

 

Patrick Andrieux de (A2GC – Andrieux et associés consultation géomécanique inc.) a poursuivi avec une présentation sur le  »Respect des limites vibratoires – mesures versus les normes ». En résumé, ce dernier a expliqué que des normes vibratoires ont été établies à des fins environnementales. Ces normes reconnaissent que l’amplitude acceptable augmente à mesure que la fréquence augmente. Toutefois, LA valeur limite (par exemple, 50 mm/s) est le maximum de la sommation vectorielle des séismogrammes des trois axes orthogonaux, mais en réalité cette valeur n’est associée à aucune fréquence. Le compromis consiste à considérer les amplitudes maximales de chacun des trois séismogrammes. Ces valeurs d’amplitude peuvent être associées à une fréquence (approximative).  Les amplitudes maximales de cycles individuels sont également examinés, pour s’assurer qu’aucune de ces amplitudes n’est associée à des fréquences qui les placeraient en haut des normes.

 

Pour conclure cette première journée de présentation, Audrey Goulet (Université Laval)  »Caractérisation géomécanique pour le dynamitage des galeries minières de la mine Laronde » a démontré que l’intégration dans une plateforme unique de nombreuses bases de données, telles que les propriétés du roc intact, le RQD, les données de forage, les plans d’interprétation et les évènements sismiques, fournit des outils pour les milieux de mines profondes, sous hautes contraintes et actives sismiquement, permettant d’améliorer la compréhension du comportement du massif rocheux, notamment suite au dynamitage de galeries, et de mieux concevoir les ouvrages miniers et gérer le risque sismique.

 

S’en est suivi la présentation du boutefeu-lauréat 2017 du trophée Mario Coderre et de la bourse Wilfrid Comeau qui fut remis à monsieur Yves Coudé.

 

 

Comme à l’habitude, l’assemblée générale annuelle de la SEEQ a eu lieu immédiatement après la remise du prix et tous ont été conviés à se retrouver à l’hôtel hôte pour un 6 @ 8 dans le cadre du cocktail annuel de la SEEQ.

 

Après une bonne nuit de repos, on retrouve au programme du vendredi matin, Roger Favreau qui a présenté sa conférence sur  »L’effet de la géologie et des propriétés mécaniques du roc sur les résultats d’un sautage ». En résumé, le nom géologique d’un roc ne permet pas de dessiner un sautage. L’aspect du roc qui permet d’effectuer des tirs sécuritaires et efficaces est l’usage des propriétés mécaniques Y, s, d et Sc du roc dans des calculs avec les équations fondamentales qui expliquent de façon fiable ce qui se passe dans le massif rocheux lors d’un sautage.

 

Par la suite Marie Francine Poitras (Coralis Canada) et Alexandre Dorval (Ciment McCinnis) ont discuté de la  »Gestion de la qualité (tonnage et teneur) pour une carrière cimentière. » Sommairement, la carrière McInnis désirant optimiser la récupération de son gisement afin de respecter les principes du développement durable, et ayant plusieurs défis reliés à des teneurs hétérogènes et la complexité de son gisement, une solution informatique de planification et de suivi de production a été mise en place par la société Coralis en adaptant ses logiciels standards, avec pour objectifs d’alimenter le concasseur avec une qualité constante, d’éviter la sur-qualité, de gérer la qualité directement depuis les fronts d’exploitation, d’assurer la traçabilité des matériaux et d’utiliser une solution simple à tous les niveaux du processus.

 

Après la pause, Thierry Bernard (Thierry Bernard Technologie) a présenté  »La méthode RADDAR, ou comment garantir les résultats d’un sautage à travers de deux exemples en carrière et en tunnel ». Cette méthode est basée sur la mesure (Record), l’Analyse des données mesurer, la conception (Design) spécifique pour chaque tir, Documenter l’exécution terrain, valider le tout (Accept) et Réviser, c’est-à-dire d’apporter les actions correctives sur le terrain en fonction de son expertise et de son expérience. Dans son exemple en tunnel, cette méthode a permis d’obtenir 100% d’avance avec zéro hors profil, et en carrière à améliorer la fragmentation et faire des économies.

 

Finalement pour conclure cette 40e session d’étude, Martin Grenon (Université Laval) coorganisateur des sessions d’étude, et co-auteur avec Sébastien Guido de la présentation intitulée  »Paramètres contrôlant la stabilité des chantiers miniers à la mine Éléonore » nous a expliqué la problématique associée aux bris hors profil et les objectifs de ce projet de recherche qui visent à déterminer les paramètres affectant potentiellement le bris hors profil en créant une base de données avec les paramètres de conception et de site et des mesures de performance. Avant de procéder à des analyses statistiques univariées et bivariées afin d’identifier des tendances et paramètres clés.

 

C’est sur cette note qu’a pris fin cette 40e session d’étude sans toutefois s’être donner rendez-vous à pareille date en 2018 pour une 41e session d’étude sur les techniques de sautage.