1re Formation SEEQ 2024 en forage et sautage

Résumé de cette première formation par: Pierre Dorval
Photos: Abigaïl Nolet et Pierre Dorval

En 2022 et 2023, dans le cadre des sessions d’étude annuelle, le conseil d’administration de la SEEQ avait proposé l’idée de préparer des séances de formations, notamment pour les foreurs-boutefeux. On avait demandé aux gens présents de répondre à un sondage visant, entre autres, à déterminer une liste de sujets d’intérêts qui seraient pertinents dans le cadre d’une telle formation.  C’est ainsi qu’au cours de l’année 2024, le comité technique de la SEEQ s’est réuni à plusieurs reprises dans le but de finaliser la préparation et l’organisation de cette formation. De plus, il a été entendu que chaque formateur parlerait en tant que représentant de la SEEQ, laissant de côté leur allégeance respective et que cette formation serait offerte gratuitement et ouverte à tous.

Après discussion, la date du 20 novembre en PM, soit la veille de notre session d’étude annuelle, avait été arrêtée pour cette première expérience compte tenu de la facilité de regrouper les formateurs et d’utiliser les facilités offertes par l’amphithéâtre Hydro-Québec du Pavillon Desjardins de l’Université Laval.

A priori, le comité organisateur ne savait trop à quoi s’attendre au niveau de la participation, mais s’était dit que la formation aurait lieu si au moins une vingtaine de personnes démontraient de l’intérêt suite à un sondage transmis par courriel. La réponse fut plus que positive car, en septembre, plus de 120 personnes avaient signifié leur intérêt à potentiellement participer à l’événement. Finalement, c’est 106 personnes qui se sont présentés, ce mercredi 20 novembre, à cette activité qui s’est déroulé de 13h00 à 17h00 et  intitulée:

« Mise à jour des connaissances en forage et sautage ».

Les sujets abordés furent:

  1. Configuration des patrons de sautage, évaluation de front libre et zone d’exclusion
  2. Utilisation et manutention sécuritaire des explosifs
  3. Gestion des gaz – Comment limiter les émanations en chantier
  4. PIU : Plan d’Intervention d’Urgence – étude de cas
  5. CNESST: Risques et mesures de prévention des chantiers de dynamitage, tolérance zéro

 

Francis Trépanier, Président de la SEEQ, a donné le coup d’envoi en souhaitant la bienvenue aux 106 participants et en expliquant que cette formation permettait à la SEEQ de rencontrer deux de ces objectifs qui sont: de promouvoir la science, le génie et surtout la sécurité dans l’utilisation de l’énergie explosive; et de promouvoir la formation de ses membres.

David Sibille a débuté cette formation en présentant « Conception de patron de sautage, évaluation du front libre et zone d’exclusion. » Quoi de mieux qu’un bon rafraîchissement des règles de base en ingénierie des sautages pour mettre la table. Détermination du fardeau, de l’espacement, la maille en quinconce versus carré avec les avantages et inconvénients. Le sous-forage, le collet, le bourrage intermédiaire (deck), et sans oublier le fameux facteur poudre. Une fois notre patron de sautage déterminé, il faudra évaluer notre front libre car cela peut avoir un impact non négligeable sur notre patron d’où, entre autre, l’importance de l’implantation de la première rangée. Les méthodes disponibles pour évaluer le front libre: à l’oeil; à l’aide d’un poids au bout d’une corde , elle même au bout d’un bâton; un laser 2D ; ou un drone et un modèle en 3D. Par la suite, il faut être en mesure de contrôler les trous de forage, implantation, orientation, déviation. Encore là, disposez-vous d’une sonde de déviation pour faire cette évaluation, ou vous vous basez sur la méthode de la lampe de poche? Finalement, pour les zones d’exclusions, comment prédire une distance de sécurité fiable à 100%, est-ce possible? Il faut tenir compte de plusieurs facteurs de projections: le bourrage, l’énergie, le massif rocheux, la première rangée en fonction du profil de la face.

Paul Kuznik a poursuivi avec sa présentation « Utilisation et manutention sécuritaire des explosifs ». Le potentiel de risque augmente lorsqu’on place un boutefeu dans une situation moins familière, mais le potentiel d’incident augmente également lorsqu’on devient trop familier avec la tâche. Il faut établir et maintenir une zone de tir sécuritaire. Le boutefeu devrait toujours avoir une liste de vérification avant et après le sautage. Pour chaque projet et régulièrement on doit effectuer une réunion de démarrage afin de s’assurer que tous comprennent les risques et dangers du site, sécuriser la zone de tir durant le chargement et lors des procédures de sautage. Il a été question des risques reliés à la foudre, au feu, au transport. La préparation des amorces qui doit se faire au fur et à mesure, le suivi du chargement pour éviter de surcharger le sautage, d’utiliser des exploseurs approuvés et de s’assurer d’initier le sautage à partir d’un endroit sécuritaire. On devrait toujours maintenir tout équipement non nécessaire au chargement à plus de 50 m de distance et ne jamais permettre le marinage de la face lors du chargement. Il est très important pour le boutefeu de bien comprendre les règlements provinciaux et locaux. On a glissé un mot sur la classification des explosifs et l’importance de prendre connaissance des fiches techniques, ainsi que sur les systèmes d’initiation et, plus particulièrement, du Nonel en énumérant les TOUJOURS et JAMAIS . Il nous a expliqué les différences entre un détonateur Nonel et électronique, comment est fabriqué un tube de choc Nonel,  comment reconnaître un tube de choc initié d’un tube de choc toujours actif, et comment s’assurer de bien installer les tubes de choc dans un connecteur qui peut en prendre jusqu’à 6, mais surtout de ne jamais utiliser de cordeau détonant pour initier des Nonel. Finalement pour déterminer une zone de tir sécuritaire, on propose la méthode du SDoB (Scale Depth of Burial).

Concernant la « Gestion des gaz lors de l’utilisation d’explosifs en milieu habité », Nadya Michel et Daniel Gros-Jean, ont rappelé qu’il est très important de comprendre les raisons qui ont amené les autorités à adopter la norme BNQ 1809-350. Cette norme crée pour l’entrepreneur l’obligation de mitiger les émissions de monoxyde de carbone produits par ses activités commerciales. Cette norme couvre les volets: choix de l’explosif; protection du travailleur et ceux des chantiers avoisinants; protection de la population autour du chantier; et de communiquer et collaborer avec les partenaires en cas d’urgence. En théorie la détonation d’un explosif en conditions idéales ne devraient pas créer de gaz nocifs. En pratique, l’explosif réagit avec le milieu ambiant et d’autres produits de réactions se retrouvent présents dont le monoxyde de carbone ainsi que de l’oxyde nitrique et le dioxyde d’azote. On revient sur un cas survenu en 2010 sur L’ïle-Bizard et on s’interroge sur qu’est-ce qu’on aurait pu faire différemment avec les connaissances actuelles de la problématique. À l’époque on avait dû relocaliser d’urgence des résidents dans des hôtels, louer et utiliser des aspirateurs industriels, forer des trous de ventilation, et modifier les produits explosifs utilisés pour tenter de réduire la production de CO. Si c’était à refaire aujourd’hui, on prendrait une entente avec un hôtel, on utiliserait des explosifs de classe de fumée 1, on excaverait rapidement suite au dynamitage et on s’équiperait d’aspirateurs industriels ou on prévoirait à l’avance les endroits qui en louent. En conclusion, 1) Avoir un plan stratégique de communication entre les différentes parties; 2) Communiquer et rencontrer les résidents; 3) Planifier soigneusement l’exécution du travail; et 4) Dans le cas d’un événement de CO, appliquer le plan de mesures d’urgence préalablement élaborées.

Eric Simon et Patrick Vachon ont suivi avec « Programme d’intervention d’urgence (PIU) – Étude de cas ». De par la loi sur le transports des marchandises dangereuses du Canada, toute personne au Canada qui importe, demande de transporter ou transporte des marchandises dangereuses au Canada doit disposer d’un PIU approuvé par Transports Canada. Un PIU est utilisé pour aider les intervenants d’urgence. Il détaille les mesures d’urgence à prendre en cas de rejet ou de rejet anticipé de matière dangereuse; un incident qui entraîne la mort, un traitement médical ou la fermeture d’une route ou encore un incident impliquant une perte ou un vol. Lorsqu’un incident survient, le PIU de la compagnie est mis en oeuvre afin de prendre les mesures nécessaires que la situation requiert. Deux incidents ont été présentés dans l’étude de cas justifiant la nécessité et l’utilité d’un PIU.

Finalement, Simon Pelletier a clôturé cette première séance de formation de la SEEQ avec « CNESST: Risques et mesures de prévention des chantiers de dynamitage, tolérance zéro ». Au niveau de la SST pour le travailleur la cible est tolérance 0, ce qui implique des constats d’infraction automatique si les recommandations ne sont pas suivies. Des exemples illustrés sont présentés de tolérance 0: chute de hauteur de plus de 3 mètres; expositions aux zones dangereuses; électrisation avec des lignes électriques haute tension; effondrement d’une paroi; roches instables; exposition aux poussières cristallines de silice; exposition au monoxyde de carbone. Les risques prédominants à la CNESST: ergonomie (manutention manuelle, position contraignante, forage manuel); exposition au bruit (forage , machinerie); chute de même niveau (terrain escarpé,encombrement,visibilité réduite); être coincé par de l’équipement (renversement de foreuse, circulation de la machinerie). Les risques émergents: les changements climatiques (indice de la qualité de l’air, vague de chaleur). Les risques biologiques (tiques, maladie de Lyme). Les risques associés à l’organisation travail (télétravail, travail à distance). La clientèle particulière de la CNESST: les personnes issues de l’immigration et les jeunes. Pour rejoindre un inspecteur de garde de 8h30 à 12h00 et 13h00 à 16h30 sur semaine à l’exception des jours fériés, 1-844-838-0808, et tel que mentionné par Simon Pelletier, soyez assurés que ça répond!

C’est sur cette note qu’a pris fin cette première session de formation offerte par la SEEQ, nul doute qu’avec le succès de participation obtenu, il y aura assurément une suite…

L’équipe responsable de l’organisation de cette formation de gauche à droite: David Sibille, Eric Simon, Daniel Gros-Jean, Abigaïl Nolet (adjointe administrative SEEQ), Nadya Michel, Paul Kuznik, Francis Trépanier (président SEEQ), Simon Pelletier, Pierre-Luc Deschênes, et Pierre Dorval. Absent sur la photo Patrick Vachon.