Le PDG de Rio Tinto sanctionné après de dynamitage d’une grotte arborigène

océan pacifique

Grotte Juukan

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En mai, le groupe anglo-australien Rio Tinto a détruit à l’explosif un site qui fut habité par des Aborigènes il y a plus de 46 000 ans. Une destruction qui a sucité l’émoi en Australie. Son patron, le français, Jean-Sébastien Jacques, va devoir renoncer à un bonus de 3 millions d’euros.

C’est pour agrandir une mine de minerai de fer que le groupe anglo-australien avait détruit à l’explosif, le 24 mai, la grotte de Juukan Gorge, en Australie occidentale, un des sites de peuplement les plus anciens du pays. L’enquête interne a montré que Rio Tinto avait bien obtenu les autorisations légales pour détruire le site mais que, ce faisant, le groupe n’avait pas respecté ses propres standards. Elle a estimé que ce dynamitage n’était « pas le résultat d’une seule cause ou d’une seule erreur », mais « le résultat d’une série de décisions, d’actions et d’omissions sur une longue période ».

« Un manque de respect envers les communautés locales »

Conséquence : M. Jacques, directeur général de Rio Tinto, va devoir renoncer à 2,7 millions de livres (3 millions d’euros) de bonus en raison de cet incident, a annoncé lundi le groupe à l’issue de cette enquête interne. Le chef de la division « Minerai de fer », Chris Salisbury, et la cheffe de la communication, Simone Niven, renonceront de leur côté à des bonus de 792.000 dollars américains et de 687.000 dollars américains. Le président de Rio Tinto, Simon Thompson, a déploré un manque de respect de son groupe envers les communautés locales et leur patrimoine. « Cette enquête fournit un cadre clair en vue de changements. Il faut souligner que ce n’est que le début d’un processus et non sa fin », a-t-il déclaré.

Nous allons mettre œuvre de nouvelles mesures importantes pour nous assurer que ce qui s’est passé à la grotte de Juukan ne se reproduise pas.

Simon Thompson, président de Rio Tinto

Un outil en os, le plus ancien découvert en Australie

Rio Tinto avait initialement défendu la destruction du site en affirmant qu’elle avait été approuvée par le gouvernement de l’Etat. Mais l’émoi créé au sein des responsables aborigènes, qui avaient dit avoir été informés de cette destruction trop tard pour l’en empêcher, avait poussé le groupe a présenter ses excuses. L’importance culturelle du site avait été établie par des fouilles réalisées un an après que Rio Tinto eut obtenu l’autorisation de le détruire. Ces fouilles avaient permis de découvrir l’outil en os le plus ancien découvert à ce jour en Australie, réalisé il y a 28.000 ans avec un os de kangourou. Des analyses ADN avaient permis d’établir un lien entre le peuplement du site et des personnes habitant toujours dans la zone.
L’Etat d’Australie occidentale est en train de réexaminer les lois régissant les activités minières près des sites du patrimoine aborigène.